samedi 25 juillet 2020

“Les 7 piliers de la bassesse”, une tribune de Philippe Rajsfus

Maurice Rajsfus nous a quittés, mais son combat continue, plus que jamais !
Faisant suite à un journal quotidien publié pendant le confinement, Philippe Rajsfus (l’un des deux enfants de Maurice) publie une Chronique irrégulière des jours de macronavirus, dans lequel il porte haut la mémoire et les combats de son père.
Voici la chronique n°7.

Comme une sorte de rengaine en forme de « Circulez ! Il n’y a rien à voir ! » Et des dizaines dannées quon nous la ressort à toutes les sauces. Les violences policières et ce que lon a pendant très longtemps appelé les « bavures » policières ne seraient le fait quune dune poignée de brebis galeuses. Cependant, ces exceptions regrettables ne gâteraient en rien limmense troupeau bleu qui se comporterait, lui, avec tous les égards quune police républicaine doit à la population quelle est censée protéger. 
Autre porte ouverte enfoncée avec constance par les hauts dirigeants policiers, face à lévidence de comportements déviants systémiques : la police nest que le reflet de la population dont elle est issue. Avec le sophisme inquiétant qui pourrait en découler : on trouverait donc dans les forces de police et de gendarmerie les mêmes proportions de salauds, de violents, de dissimulateurs, de menteurs, de voleurs, de pervers, de violeurs et de racistes que parmi les citoyens et les citoyennes de ce pays ? Et tout cela serait normal, parce que copie conforme de notre belle société ? Bigre !
Hormis le fait que les policiers de base sont recrutés, sur concours, après le Bac, la formation d
une année qui leur est ensuite prodiguée nen ferait pas à 100 % des éléments républicains, tous et toutes soucieux et soucieuses de respecter, quoiquil arrive, dans leurs missions quotidiennes, le Code de déontologie de la police nationale ? Cette formation dune année ne permettrait donc pas de repérer les éléments les plus douteux et/ou les plus violents et de les écarter de cette fonction qui ne devrait être exercée que de façon exemplaire ?
Posons la question différemment, en gardant en tête cette affirmation tellement « évidente » d
une similitude parfaite avec la population. Comment se fait-il alors que le vote pour lextrême-droite soit nettement plus élevé parmi les policiers, selon différentes études, que le vote global des électeurs et électrices de ce pays ? Sans parler des compagnies de CRS où les bureaux de vote des villes dans lesquelles elles sont basées enregistrent dexcellents résultats électoraux pour le F -Haine, naguère, et le R- Haine aujourdhui ?
   Continuons d
inverser cette affirmation : 
• Une majorité de citoyennes et de citoyens de ce pays développent-elles/ils ce sentiment
d
impunité très largement répandu parmi les représentants de l’ordre ? Il est vrai que le citoyen lambda nest pas assermenté... 
• Une part prépondérante des membres de notre société manifeste-t-elle une prévention particulière vis-à-vis de celles et ceux qui ne leur ressemblent pas, que ce soit en raison de leur couleur de peau, de leur statut social, de leur origine, de leur appartenance à une communauté, de leur âge ou encore du quartier ou de la ville où ils vivent ? 
• Madame et Monsieur Tout-le-monde ressentent-ils ce besoin pressant de rendre la justice, par des actes de violence illégitimes, en lieu et place de la justice elle-même ? 
• La peine de mort, abolie en 1981, rôde-t-elle de façon obsessionnelle dans la plupart des têtes
de tout un chacun ? 
• Le dialogue est-il à ce point bloqué dans la société pour que des avis contraires ou des noms doiseaux finissent systématiquement en procédures pour outrage public qui encombreraient les tribunaux ? 
• Omerta, mensonge et dissimulation sont-ils des pratiques généralisées dans notre vie quotidienne ? 
• Le besoin de surveiller et punir taraude-t-il la majorité de nos contemporains ? On voit bien par-là que certaines comparaisons, frappées au coin de lévidence policière, ne tiennent pas la route très longtemps. Et que la police quon nous annonce républicaine est globalement à limage des régimes et des gouvernements qui lont façonnée, depuis des dizaines dannées, comme un instrument sans beaucoup de principe, au service de leur pouvoir et du maintien de la domination sociale, politique et économique.

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