mardi 13 août 2019

Antonin Bernanos, prisonnier politique ; Charles Prats, magistrat impartial et revanchard

Le présent papier reprend un article paru sur le site Nantes Révoltée.

Antonin Bernanos, 24 ans, subit une véritable persécution judiciaire. Le jeune militant parisien est sous les verrous depuis le mois d'avril. Sans preuve, ni procès, ni même élément à charge. Placé à l'isolement, dans une situation incertaine, il traverse, avec ses proches, un véritable cauchemar. Son seul crime ? S'opposer à l'extrême droite, et participer aux manifestations. Retour sur une affaire gravissime.

LES FAITS

Le 15 avril 2019, une bande de néo-nazis – baptisée « Zouaves Paris », se revendiquant ouvertement du Reich et du fascisme italien – parade en plein Paris. Une bagarre éclate, et deux néo-nazis sont malmenés. L'un d'eux se fait voler une chaussure Stan Smith bleu blanc rouge. Cette altercation plutôt anodine se transforme en tourmente judiciaire. Devinez qui est arrêté, enfermé et interrogé ? Ceux qui se sont opposés aux néo-nazis. Aucun militant d'extrême droite ne sera inquiété à un seul instant pour cette bagarre. La police et la justice se rangent immédiatement du côté de l'extrême droite. Une plainte est déposé. Antonin est accusé d'avoir donné un coup par un néo-nazi. Il est envoyé illico derrière les barreaux. Sans procès. Pourtant, la « rixe » a été filmée par les caméras de vidéosurveillance. Selon la police, Antonin n'est pas présent sur les images. Il reste pourtant en prison, présumé innocent. Sur demande du procureur et d'un juge très spécial. L'enfermement du militant est donc, évidemment, politique.

JUGE D’EXTRÊME DROITE
Charles Prats, magistrat
Le juge qui doit statuer, un mois plus tard, sur la remise en liberté d'Antonin, est un magistrat aux idées tranchées. Il s'appelle Charles Prats [vice-président chargé des libertés et de la détention au TGI de Paris]. Il s'oppose à toute libération du militant. Pour lui, « la détention est l’unique moyen d’empêcher une pression sur les témoins ou les victimes », et d’éviter « le renouvellement de l’infraction ». Ce juge est un militant d'extrême droite. Quelques mois plus tôt, il qualifiait ceux qui s'opposent aux fascisme, sur Twitter, de « nervis d’extrême gauche ». Une sortie droitière au milieu de nombreux autres messages haineux. Charles Prats est un habitué des médias. Il intervient régulièrement sur BFM mais aussi sur des sites d’extrême droite comme Boulevard Voltaire – fondé par le frontiste Robert Menard – ou TV Libertés, chaine liée au Front National. Dans son ordonnance de « rejet de la demande de mise en liberté » et de « placement en détention provisoire », Charles Prats se permet quelques commentaires inhabituels. « Les faits [...] ont été d’une rare violence, commis lâchement par une bande s’étant attaquée à une personne seule, selon le mode opératoire habituel des “antifas” ». Tout est faux. Mais de tels propos prouvent la partialité de ce juge. Son engagement militant du côté de l'extrême droite.


RÉPRESSION MÉDIATIQUE
Une bagarre. Un enfermement « préventif » sans preuve ni procès. Un juge d'extrême droite. Pourquoi un tel acharnement ? Un article sur le site d'Europe 1, le 2 aout, révèle les raisons sous jacentes. Selon la journaliste, les services de renseignements estiment que « s'il était libéré, Antonin Bernanos pourrait mener la mobilisation des antifascistes parisiens lors du G7 prévu à Biarritz à la fin du mois d'août ». L'article explique que « la décision de justice [au sujet de sa libération] est scrutée de près par les autorités, car le jeune homme est l’un des rares à pouvoir organiser la mobilisation ». Un récit totalement fantasmé. Mais les faits sont là : la police politique fait pression pour maintenir un opposant en prison. Et pour cela, elle diffuse des informations anxiogènes dans les médias aux ordres. 

Capture d’écran, compte Twitter de Charles Prats
ACHARNEMENT
En aout, après plusieurs mois de taule, un juge décide enfin de faire sortir Antonin sous bracelet électronique. Mais le parquet fait immédiatement appel, pour qu'il reste enfermé. Faux espoir, attente. Nouvelle audience : la réponse tombe le 12 aout. Antonin est maintenu en détention suite à l’appel du parquet, contre la décision de la juge des libertés. Il devra donc rester en cellule jusqu'en décembre prochain. Il aura donc fait 9 mois de prison ferme en « préventive ». Sans preuve. Sans jugement. Sans procès. Sur la base d'une accusation bidon d'un néo-nazi. Un cauchemar. 

ILLUSTRATION DU RÉGIME

L'affaire d'Antonin doit nous interpeller tous. Elle ne concerne pas seulement une famille, aujourd'hui dans le désarroi. Elle est la preuve que l'Etat français s'acharne à détruire les opposants. L'affaire d'Antonin s'inscrit dans une actualité particulièrement sombre. Celle d'un régime qui noie des fêtards dans la Loire. Qui envoie la police piétiner des grands mères, et mettre à genoux des lycéens. Qui mutile des Gilets Jaunes. Et qui incarcère un militant qui a eu le tort de s'opposer aux nostalgiques du IIIe Reich.

Lire également sur StreetPress : “Antonin Bernanos, prisonnier politique” (juillet 2019).
Lire dans L’Obs : “Nervis d’extrême gauche” : l'impartialité du juge qui maintient Antonin Bernanos en détention mise en cause.

mercredi 7 août 2019

Le préfet d’Harcourt poursuit Claude Sérillon en diffamation pour un tweet

Pour avoir écrit : “Une nuit à Nantes, parce que la musique était trop forte, un préfet de la République a décidé que la vie d’un homme pouvait être effacée”, l’ex-journaliste Claude Sérillon est poursuivi en diffamation par le préfet de Loire-Atlantique Claude d’Harcourt, dont on lira dans lundi.matin un édifiant portrait.

Si l'on ne peut qu’être solidaire de Claude Sérillon, on rappellera tout de même que celui-ci étant moins regardant à propos des violences policières à l'époque où il était le conseiller du président Hollande, sous le quinquennat duquel eut lieu une explosion des violences policières, notamment lors des manifestations contre la loi Travail.

Nantes, 3 août 2019, quand un flic étrangle un manifestant : la photo qui illustre la brutalité du régime Macron

Cette photo du photographe Bsaz, a été prise à Nantes le 3 août 2019, lors de la marche de solidarité avec Steve Maïa Caruço, noyé dans la Loire le 21 juin 2019 à la suite de la charge des CRS sous les ordres du préfet d’Harcourt et du commissaire Chassaing, sous l’autorité du ministre Castaner.
Bruno Kaïk, 51 ans, hospitalisé pendant 6 heures et mis en garde à vue, affirme qu'il a été étranglé par le policier, ce qu’indique assez clairement le cliché. Il a décidé de porter plainte contre « toute la chaîne de commandement, de l’officier de la BAC jusqu’au président de la République, qui est le chef des armées et a autorisé ces dérives ».