mercredi 22 août 2018

Laurent-Franck Liénard, un avocat au service de l’Ordre policier… rétribué par la République

Défenseur des membres des forces de l’ordre, se mettant au service de tous les policiers qui sont mis en cause ou victimes dans des affaires où ils ont fait usage de leurs armes de service, l’avocat Laurent-Franck Liénard, devenu avocat alors qu’il préparait le concours de commissaire et légèrement obsédé par les armes à feu, incarne à lui seul les logiques violentes et corporatistes de l’État.
Dans un article fort instructif, Paris-Luttes-Info dresse son portrait, “pour que chacun puisse comprendre la manière de penser de ceux qui font de nos vies des enfers sécuritaires”.
En complément à cet article, ajoutons que cet avocat, qui est aussi celui des ”faux flics", comme le rappelle Libération, puisqu’il défend le tristement célèbre Alexandre Benalla, vit aux crochets de la République, les frais de justice des policiers, qu’ils soient plaignants ou “victimes” (notamment dans les affaires d’outrage, où le policier s’arroge la qualité de victime, très souvent après s’être rendu coupable de violences physiques), étant pris en charge par la Préfecture.
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Romain, tué par un policier le 15 août

Justice pour Romain

Me Liénard fut notamment l’avocat de Mathieu Leglise, le policier de la BAC nantaise qui a mutilé Pierre Douillard en novembre 2007, affaire dont il a largement été fait état sur ce site. C’est aussi l’avocat du policier qui a tué Romain, ce jeune homme de 26 ans, dans la nuit du 14 au 15 août, suite à un refus d’obtempérer (consécutif à un feu défectueux). Lequel policier vient d’être mis en examen. La stratégie de Me Liénard, rappelle Marianneest de s’en prendre aux magistrats en fustigeant “le tout-pouvoir des juges” et de prôner la légitime défense quasi-automatique pour les forces de l’ordre.

mardi 7 août 2018

Marlène Schiappa et l’outrage sexiste. "Le harcèlement de rue peut-il être considéré comme un "outrage", au regard de la loi ?"

  Dans son projet de loi sur la répression du harcèlement de ruela secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, évoque la création d’un délit d’outrage sexiste.
  Les médias ont abondamment commenté ce projet de loi. Aucun, cependant, n’a cru bon de noter que l’appellation “outrage sexiste” posait un petit problème, qui risque (si la loi est votée) de compliquer l’appréhension de ce délit, dont l’objectivité du constat ne sera déjà pas simple à appréhender, à l’image de ce qui se passe pour le délit d’outrage.
  En effet, si le harcèlement de rue peut-être considéré, d’un point de vue sémantique, comme un outrage [offense ou injure extrêmement grave, de parole ou de fait], il en va tout autrement d’un point de vue strictement juridiquepar rapport à la caractérisation de l’outrage au regard de la loi actuelle. Deux raisons à cela.

1. Le délit d’outrage, réprimé par l’article 433-5 du Code pénal, concerne uniquement les personnes dépositaires de l’autorité publique et, depuis 2002, les personnes chargées d’une mission publique. (Or, toutes les femmes potentiellement victimes de harcèlement ne font pas partie de ces deux catégories.)
2. L’outrage se caractérise par des paroles, gestes ou menaces non publics. (Et le harcèlement de rue est forcément public.)
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L’auteur de ces lignes (par ailleurs victime d’une dénonciation calomnieuse pour "violences volontaires", cousine germaine du harcèlement – l’affaire est devant la Cour de Cassation) n’est pas juriste. Mais il semblerait qu’il y ait là un vrai problème, auquel les représentants du gouvernement n’ont peut-être pas pensé. Cela ne serait pas la première fois. On imagine sans mal un avocat défendant un "harceleur" arguant du fait que son client ne s’est pas rendu coupable d’outrage, au regard de la loi.