samedi 28 décembre 2019

“Macron Ier et les soudards de la raie-publique”, conte de Noël

Pour fêter l’entrée prochaine dans la douzième année du site du CODEDO, et à défaut de fêter l’abrogation du délit d’outrage, notre webmestre a concocté un conte de Noël névralgique et énervé, inspiré par la géniale caricature du dessinateur roumain Bogdan Petry, qui ne pourra pas tomber sous le coup de la loi, le délit d’offense au chef de l’État ayant été supprimé en 2013.

Tout petit, Emmanuel Macron, enfant surdoué de la bonne bourgeoisie d'Amiens, parents médecins, rêvait de Thiers, Néron, Napoléon, Lino Ventura, qui lui serviront de modèle pour ses figurines en pâte à modeler. Sa mère, qui préfère le parquet au lino, détruit  les miniatures du catcheur. Le jeune homme en éprouvera une aversion totale pour le sport et le 7e art et se réfugiera dans le théâtre. C’est ainsi qu’il tombera amoureux de celle qui l'initiera aux émois de la chair, de vingt-cinq ans son aînée, membre de l’illustre famille Trogneux, cinq générations de savoir-faire. Macron, macaron, il suffit d’ajouter un ”a” : celui de l’amour, bien sûr ! (…)

Cédric O, le secrétaire d’État au Numérique obsédé par la reconnaissance faciale


Avant d’être secrétaire d’État au Numérique, Cédric O, ex-Strauss-Kahn boy, ex-directeur de campagne-adjoint de François Hollande, était chargé de mission chez Safran, le puissant groupe technologique français né en 2005 de la fusion de Snecma et de Sagem. C’est aussi lui qui organisa la rencontre entre Macron et Marc Zuckerberg, patron de Facebook. L’homme, rappelle le Parisien, qui dresse ici son CV, rabroua également Benalla. C’est dire si c’est un foudre de guerre !
Dans une interview au Parisien, O déclare que le gouvernement envisage une expérimentation de la reconnaissance faciale dans les lieux publics, qui devrait durer de six mois à un an, “sous la supervision de la société civile et de chercheurs.” Et non pas par le ministère de l’Intérieur, comme seraient tentés de le croire les Gilets jaunes et les grévistes séditieux qui prennent le pays en otage. Le règlement général sur la protection des données (RGPD) interdisant “l'utilisation de la reconnaissance faciale sans le consentement des personnes qui y sont soumises”, seuls les individus qui auront donné leur accord seront donc identifiés durant ce laps de temps. Pour l'heure, il est encore difficile d’obtenir davantage de détails sur ce test. “En France, Thales (via Gemalto) et Idemia travaillent sur ces technologies mais le nom d'aucun industriel n'a filtré.” 
Cédric O dévoile également un projet du gouvernement le plus liberticide depuis la guerre d’Algérie : ALICEM (pour Authentification en ligne certifiée sur mobile), présentée sur le site du ministère de l’Intérieur comme la première solution d’identité régalienne sécurisée. Dans un pays où les usages régaliens admettent que la police peut crever les yeux des manifestants sans être inquiétée, la formule laisse songeur.
Infographie Le Parisien
Utilisant un vocabulaire quelque peu guerrier et une pléthore d’adverbes, et tout en prévenant ne pas être certain qu’elle soit un jour déployée, Cédric O abonde aussitôt dans le sens inverse : “Le jour où nous déploierons largement une solution d’identité numérique, nous proposerons nécessairement une alternative à la reconnaissance faciale pour s’enrôler [sic]. Il y aura probablement une manière physique’ de s’inscrire, en se déplaçant au guichet – dans votre mairie, par exemple.”
Dans une lettre commune, 80 associations, dont l’Observation des libertés et du numérique, craignant que ce nouvel avatar de la macronie ne bride quelques libertés essentielles, lancent un appel demandant l’interdiction de la reconnaissance faciale sécuritaire, que l’on peut lire sur le site de la Ligue des droits de l’Homme.

vendredi 27 décembre 2019

A quand un autre maintien de l'ordre dans les manifestations en France ?

La question est posée par Amnesty International.

Oriana, 30 ans, tabassée par les flics à Créteil, jugée pour outrage en octobre 2020

Les habitué/e/s de ce site savent à quel point le scénario est devenu banal dans une France où le flic de base est au-dessus des lois : tout policier coupable de violences envers un citoyen, quelles que soient les circonstances, porte plainte pour outrage contre sa victime. C’est devenu l’un des principes de base de ce qu’il faut bien appeler l’adéontologie policière.
C’est l’une des 10 raisons pour lesquelles le CODEDO demandait en 2008 la dépénalisation de ce délit inique, dont l’utilisation est devenue exponentielle avec la sauvage répression du mouvement des Gilets jaunes, où nombre de manifestants ont été poursuivis, pour des motifs aberrants, dans le but, purement politique, de terroriser la population en guerre contre le macronisme, et condamnés par des magistrats qui ne rendent plus la justice au nom du Peuple mais contre le Peuple !

Très souvent, les violences sont encore plus terribles lorsque la victime des policiers est une femme. Comme en témoigne ce qui est arrivé à Oriana, une jeune femme de 30 ans, interpellée le 16 décembre 2019 à Créteil, lors d’un contrôle routier et tabassée par les hommes en bleu.

Interpellée le 16 décembre lors d’un contrôle routier consécutif à un accident de la circulation,  Oriana, 30 ans, habitante de Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne), a été très violemment tabassée par des policiers ! Après une soirée bien arrosée, elle prend sa voiture avec une amie. Les jeunes femmes percutent une camionnette dont les occupants appellent la police. Contrôle d’alcoolémie. Oriana ne parvient pas à souffler dans le ballon. L’un des policiers lui met une “balayette” et la plaque au sol, face contre terre. Les flics la menottent et lui donnent des coups de pied au visage et dans le dos. De nouveau frappée dans le véhicule de police, elle est finalement envoyée aux urgences où elle passe un scanner. Bilan : deux points de suture derrière la tête, un bout de dent cassé, des bleus partout sur le corps et au visage, comme le montrent des photos qui se passent de commentaires, qui lui valent 7 jours d’ITT.
À la suite de quoi, trois policiers portent plainte pour outrage à agent et violences sur personne dépositaire de l'autorité publique. Placée en garde à vue, Oriana comparaît en comparution immédiate le lendemain, 17 décembre. Suite à l'intervention de son avocat, l'audience est renvoyée au 5 octobre 2020 devant le TGI de Créteil. À la sortie du tribunal, elle souhaite porter plainte au commissariat de Créteil et de Boissy-saint-Léger, où elle réside. Contrairement au code de procédure pénale, les agents refusent de prendre sa plainte. Elle dépose donc une plainte auprès de l’IGPN, où elle a été entendue vendredi dernier.
Les flics, bien évidemment, livrent une autre version des faits, que l’on peut lire sur FranceBleu, allant jusqu’à dire qu’elle s’est blessée en se cognant à sa voiture !

David Perrotin a recueilli le témoignage d’Oriana pour Loopsider.

VIOLENCES FAITES AUX FEMMES PAR LES POLICIERS : UNE FÂCHEUSE TRADITION FRANÇAISE ?

Cette terrible histoire de violation des droits humains par des policiers qui se laissent de plus en plus aller à commettre toutes sortes de forfaitures, sachant qu’ils seront couverts par leur hiérarchie, et par une IGPN totalement dépendante de la place Beauvau – plus encore depuis qu’elle est dirigée par Brigitte Julien, qui récusait en juin 2019 l’idée même de violences policières – en rappelle bien d’autres !
En voici deux, parmi bien d’autres :


1. L’histoire de Siham, tabassée le 24 janvier 2009 par des policiers pour avoir tiré la langue et craché par terre au passage d’un fourgon de police et poursuivie pour outrage. Un des flics lui avait frappé la tête contre le mur en lui disant : “On n’en a rien à foutre de tes bijoux de merde ! ” Au cours de l'audience (30 octobre 2009), au cours de laquelle furent requis 300 € d’amende, on entendit un procureur s’exclamer : “Ce n'est pas très élégant de cracher par terre, mademoiselle. Surtout pour une femme !”

Deux amies rentrant du restaurant en voiture, le 25 août 2007 à 2h30 du matin, avaient été interpellées et violemment tabassées par des policiers. Le procès qui devait avoir lieu a été maintes et maintes fois reporté. On ne sait quand [et si] il aura lieu, étant donné l’invraisemblance des faits reprochés à Agathe, poursuivie pour outrage et défendue par Me Antoine Comte.

samedi 7 décembre 2019

Toulouse. La justice considère le fauteuil roulant d’Odile Maurin, militante handicapée, comme une ”arme par destination” et la condamne à deux mois de prison avec sursis

Chaque procès pour outrage est en soi un scandale. L’utilisation de ce délit inique pour réprimer le mouvement des Gilets jaunes et cautionner la répression brutale par une police qui n’a plus de limites dans la violence, la connerie et la barbarie, multiplie le scandale au centuple.
Les sommets de l’ignominie sont atteints avec celui qui vient de se tenir à Toulouse contre Odile Maurin, militante handicapée dont une justice qui ne juge plus au nom du peuple mais contre le peuple vient de faire de son fauteuil roulant une arme par destination. Condamnée à deux mois de prison avec sursis, elle est aussi, comme le rappelle La Dépêche, interdite de manifestation en Haute-Garonne pendant un an.
Son crime ? Avoir bloqué la lance à eau d’un CRS en s’interposant avec son fauteuil roulant, lors d’une manifestation des Gilets jaunes le 30 mars à Toulouse. Son avocat, Me Pascal Nakache, a annoncé son intention de faire appel du jugement.
Odile Maurin était également accusée d'outrage aux forces de l'ordre suite à cette altercation, et d'avoir incité à porter atteinte à l'intégrité physique d'une commissaire en affichant sa photo sur ses réseaux sociaux, la désignant comme "la gazeuse en chef". Pour ces faits, elle a été jugée non coupable.
L’affaire est aussi relatée en détail sur France 3 Occitanie.