mercredi 14 octobre 2020

13 ans après, le procès pour outrage d‘Agathe, violemment agressée par des policiers en… 2007 !

Le 3 février 2009, nous racontions l'histoire d’Agathe et de son amie Inès, victimes de violences policières le 25 août 2007. La violence des coups vaudra 10 jours d’ITT à Inès (qui ne sera pas poursuivie), 21 jours à Agathe, poursuivie pour outrage. Le procès, prévu pour juillet 2008, fut maintes fois repoussé, pour des raisons de procédure (notamment car elle changea d’avocat).

Depuis la création de ce site en 2008, parmi les dizaines de procès pour outrage évoqués, tous plus iniques et révoltants, cette affaire est sans conteste l’une des plus terrifiantes, tant elle cumule un véritable “festival” de la brutalités policière : machisme, sexisme, homophobie, connerie humaine en uniforme, mensonges, fantasmes de domination, de viol, voire de torture (la question vaut d’être posée, a fortiori treize ans plus tard, dans le contexte de déchaînement des violences policières que l’on connaît). Elle posait également le problème (gravissime et plus fréquent qu’on le croit) du refus, par certains membres du corps médical, de soigner des personnes arrivant menottées aux urgences.

“J’ai cru qu’ils allaient la violer.” (Inès)

Samedi 25 août 2007, 2h30 du matin, rue des Pyrénées, Paris 20e. Inès et son amie Agathe (le prénom a été modifié à sa demande) rentrent du restaurant en voiture. À un feu rouge, elles sont arrêtées par une patrouille de police du commissariat de la rue des Orteaux [connu pour ses flics violents, comme on le verra avec les violences subies par Siham en janvier 2009]. Le véhicule de police leur barre la route. Un agent leur fait signe de se ranger sur la voie de bus, ce qu’elles font. L’agent, très énervé,, les accuse d'avoir circulé… sur la voie de bus. Alors qu’Agathe lui répond qu’il n’est pas nécessaire d’être aussi agressif, le policier ouvre sa portière et la sort violemment du véhicule, par un clé au bras. Inès sort à son tour pour implorer le policier de cesser les violences. Pour toute réponse, elle reçoit un coup de poing. Pour les deux femmes, c’est le début d'un long calvaire. Toute la nuit, elles vont connaître passage à tabac, humiliations, brutalités. Les flics leur interdisent de voir un avocat, d’accéder aux sanitaires ou même de disposer d'une veste pour se couvrir. Insultes et vexations sadiques pleuvent, avec en prime l'homophobie la plus répugnante : “vieilles putes lesbiennes”, “Espagnole de merde”. 

“Ce qui m’est arrivé peut arriver à n’importe qui.” (Agathe)

Cette violente agression policière est racontée par Inès sur cette vidéo (28’30). Le témoignage d’Agathe (floutée) figure à la fin de la vidéo (21'30"). Elle évoque ses blessures, sa longue rééducation, le traumatisme psychologique qu’elle a subi, le fait que l’affaire, très médiatisée en Espagne (Inès est espagnole), a connu un silence radio en France, à l'exception d’Amnesty International, qui s’intéressa à son histoire. En conclusion, elle reconnaît que le chemin “risque d’être long”. Treize ans plus tard, un procès a bien lieu, mais c’est la victime qui est jugée !

Agathe comparaît le 6 novembre 2020 devant le tribunal de Paris. Elle est défendue par Me Antoine Comte. On rappellera qu’une pétition vient d’être lancée, appelant à dépénaliser le délit d’outrage. Elle sera remise au printemps 2021 auprès des autorités, dans le but d’accompagner un débat à l'Assemblée, avant la fin du quinquennat Macron.

LIRE. Le commissariat des Orteaux (Paris 20e) : une zone de non-droit ?

Signez la pétition Pour en finir avec le délit d’outrage

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