mercredi 24 février 2016

Joël Moreau, militant CGT poursuivi pour outrage pour avoir manifesté contre la loi El Khomri à Mulhouse

Joël Moreau, militant CGT, ancien ouvrier chez PSA, 69 ans, a été interpellé lundi à Mulhouse (Haut-Rhin) lors d'une manifestation organisée en marge d'un déplacement de Manuel Valls, Emmanuel Macron et Myriam El Khomri, venus défendre le projet de réforme du Code du travail. Interpellé alors qu'il participait à une manifestation organisée devant une agence de Pôle emploi à laquelle avaient pris part une centaine de personnes, le militant a passé la nuit en garde à vue et a été libéré mardi matin. Il est poursuivi pour « outrage à personnes dépositaires de l'autorité publique », en l'occurrence des gendarmes mobiles, des CRS et le Premier ministre.
   Le rassemblement était encadré par un déploiement policier de très grande envergure, empêchant les participants de s'approcher de l'agence de Pôle emploi, parqués pendant deux heures sur un parking à plusieurs centaines de mètres du lieu prévu de la manifestation. Joël Moreau aurait « haussé la voix, dénoncé le projet de loi, les attaques contre les acquis sociaux ».  Il comparaîtra vendredi devant un juge du tribunal de Mulhouse dans le cadre d'une audience simple de plaider-coupable, c'est-à-dire sur reconnaissance préalable de culpabilité.
   Ces poursuites prouvent, plus que jamais, que l’outrage, sous la "gauche" comme sous Sarkozy, est un délit politique.
    Sur France Bleu, Joël Moreau crie son indignation : "Manifester pour les générations futures c'est un droit, et je n'aime pas être humilié au nom de la communication. Ce que voulait Valls, c'était que ça soit propre, qu'il n'y ait pas de manifestants. A l'époque, ils dénonçaient ce que Sarkozy faisait, aujourd'hui ce sont eux qui le font".
D'après AFP.
Jugé en comparution immédiate, Joël Moreau a été condamné à 750 € d'amende, dont 500 € avec sursis, pour avoir crié : "Valls, je t'emmerde! "

mardi 23 février 2016

"Personne ne peut imaginer que nous étions autour de Sarkozy une bande de voyous." (Claude Guéant)

Condamné pour "complicité de détournement de fonds et recel" dans l’affaire des primes en liquide, à deux ans de prison avec sursis, 75.000 € d’amende et interdit de tout exercice de la fonction publique pendant cinq ans, déjà mis en examen pour "faux, usage et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée" dans l’affaire des soupçons de financement libyen dans la campagne de Sarkozy, le délinquant multirécidiviste Claude Guéant, dont on se souvient qu’il fut le ministre de la Police de Sarkozy, vient d’être mis en examen pour "complicité de favoritisme,  dans l’affaire des sondages de l’Élysée.
Il venait de déclarer la veille du verdict (et sans s'étrangler de rire, semble--t-il) à BFM.TV : "Personne ne peut imaginer que nous étions autour de Sarkozy une bande de voyous." Il faudrait effectivement être complètement fou pour penser une telle chose.

Répression du 22 février 2014, le témoignage de la mère de Quentin Torselli sur "Citizen Nantes"

Sur Citizen Nantes, le témoignage de Nathalie Torselli, la mère de Quentin, qui eut un œil crevé par un policier lors de la manifestation contre l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, le 22 février 2014.
Avec un hommage appuyé à Brigitte Lamy, procureure de la République de Nantes, prochainement mutée à la Cour d’appel d’Angers, qui classa sans suite la plainte des 6 manifestants grièvement blessés par la police ce jour-là, préférant poursuivre en justice un blogueur pour "injures publiques" (instruction toujours en cours par le parquet de Saint-Nazaire).

samedi 20 février 2016

Lèse-majesté : Franck Gavoux, l’entrepreneur qui avait interpellé Manuel Valls à La Rochelle, condamné en appel pour outrage et rébellion

Le 30 août 2014, dans les rues de La Rochelle, le Premier ministre Manuel Valls se faisait interpeller poliment mais fermement par Franck Gavoux, un petit entrepreneur d’Aytré, vice-président de "Sauvons nos entreprises", qui entendait reprocher à Manuel Valls de ne pas avoir organisé la table ronde qu'il lui avait promise un an plus tôt au même endroit. Le Premier ministre avait passé son chemin, mais des policiers avaient interpellé et menotté l'artisan, qui sera poursuivi pour outrage et rébellion, et relaxé par le tribunal, faute de preuves. Le parquet, horrifié par ce crime de lèse-majesté, avait fait appel.
La Cour d'appel de Poitiers [lire dans Sud Ouest] vient de le condamner à 300 euros d'amende, 1 euro symbolique de dommages-intérêts et 800 euros au titre des frais d'avocat. Le collectif Sauvons nos entreprises envisage de se pourvoir en cassation. On ne saurait trop conseiller aux avocats de Franck Gavoux de faire citer comme témoin Henri Guaino, le nouveau contempteur du délit d’outrage, qui vient par ailleurs de manifester son hostilité au projet de loi (et de casse du Code du travail) de la ministre du Travail Myriam El Khomri.

mardi 16 février 2016

Katia Lipovoï, 74 ans, brutalisée par la police de Poitiers pour avoir protesté contre l'abattage de platanes et secoué une barrière

A Poitiers, lundi 15 février, Katia Lipovoï, âgée de 74 ans a été brutalisée par la police, puis directement placée en garde à vue. Membre de la Ligue pour la protection de oiseaux de la Vienne, la militante opposée à l’abattage de 98 platanes fragilisés par différentes tempêtes a été arrêtée pour avoir secoué une barrière. Signe que cet état d’urgence, va bien au-delà même de ce que le gouvernement dicte avec ses mesures ultra sécuritaires et liberticides, les policiers municipaux se sentent pousser des ailes : non contents de réprimer les militants qui s'opposeraient à l'état d'urgence ou à la déchéance de nationalité, ils agressent une vieille femme dont le seul "tort" est de n'avoir pas voulu se soumettre à l'arbitraire de la violence du policier.
Info transmise par Révolution permanente.

dimanche 14 février 2016

Les "petites mains" de la Cinémathèque se révoltent. Serge Toubiana et son successeur Frédéric Bonnaud affichent leur mépris.

Cela n’a rien à voir avec le délit d’outrage, ni avec les violences policières, mais cela entre en résonance  flagrante avec la phrase de Noam Chomsky figurant depuis septembre 2008 sur "l’étendard" du CODEDO : "Le pouvoir ne souhaite pas que les gens comprennent qu’ils peuvent provoquer des changements."
C’est une des raisons pour laquelle le 275e papier publié sur ce site [tenu depuis 8 ans par un outrageur outragé, au statut social très précaire], évoquera le combat que mènent quelques employés de l’une des plus prestigieuses de ces institutions, la Cinémathèque française, pour crier leur révolte et faire entendre leur voix. En l’occurrence, par leur porte-voix, la courageuse, téméraire et très cinéphile Anna Bosc-Molinaro.
Serge Toubiana
Comme un (très) grand nombre d’institutions placées sous la tutelle de l’État, des régions ou des  entités territoriales, la Cinémathèque française emploie des personnels vacataires pour faire tourner la boutique et assurer des tâches les plus élémentaires, à savoir l’accueil des publics. Pratique pour l‘employeur, qui sous-traite avec des sociétés prestataires de services ne s’embarrassant pas de scrupules, qui ne paie pas de charges sociales et dispose d’un personnel "flexible", la méthode conduit à des situations humainement déplorables pour celles et ceux qui en font les frais… À l'extrême précarité de ces employés non salariés, dépendants de contrats avec la société City One, s’ajoute le mépris affiché par les dirigeants de la Cinémathèque – en l’occurrence Serge Toubiana –, après le coup de gueule salutaire d’une ancienne hôtesse d’accueil contre les conditions de travail des "petites gens" de l'institution. Anna Bosc-Molinaro, rejointe par plusieurs dizaines d’ex-employés de la Cinémathèque et soutenue par des cinéphiles et des critiques de cinéma tels que Pascal Le Duff.
Le départ de Serge Toubiana, à la tête de la Cinémathèque pendant treize ans, qui a tout fait pour étouffer cette affaire, notamment lors d’une grève des personnels en mai 2014, pouvait laisser espérer une attitude plus compréhensive de son successeur, Frédéric Bonnaud. qui a pris ses fonctions le 2 février. Il semblerait qu’il n’en soit rien, comme le laisse entrevoir son interview à France Musique, au cours de laquelle Frédéric Bonnaud aura ces mots quelque peu choquants dans la bouche d’un ancien journaliste qu’on a connu défendant de belles et nobles causes, notamment lorsqu’il fut viré de France Inter : "Je pense que hôtesse d’accueil, guichetier et ouvreuse, ça doit rester de petits jobs d’étudiant, au risque de choquer. Moi, je ne me vois pas bien faire un CDI à vie pour que des gens vendent des billets à la cinémathèque." 
Henri Langlois
Les cinéphiles, sans qui la Cinémathèque française, rappelons-le, ne serait qu’une coquille vide, apprécieront ce discours à faire se dresser les cheveux sur la tête-de-suaire des fantômes de Georges Franju et Henri Langlois. Et de Noam Chomsky, dont la phrase citée en exergue prend là toute sa saveur : "Le pouvoir ne souhaite pas que les gens comprennent qu’ils peuvent provoquer des changements."
Jean-Jacques Reboux

On peut écrire à Anna Bosc-Molinaro sur sa page Facebook et lire les témoignages qu’elle a recueillis (24 à ce jour) sur la page Lettres ouvertes à la Cinémathèque.
Dans les médias : le témoignage de Gaëlle, dans l’Obs ; "Un remake du mépris ébranle la Cinémathèque dans Le Monde ; l’article de Libération.

samedi 13 février 2016

Affaire Kraiker (suite) : quand le nouveau commissaire de police de Pantin monte de toutes pièces une nouvelle affaire

Nous avons raconté ici l’histoire de Zarah Kraiker, cette mère de famille de Pantin (Seine-Saint-Denis) tabassée le 26 novembre 2015 par la police après avoir protesté contre l’interpellation brutale de ses deux fils. Cette sordide affaire de violences policières vient de rebondir avec l'arrivée d'un nouveau commissaire de police à Pantin.
Mercredi 10 février 2016, à 6h20, le nouveau commissaire se présente au domicile de la famille Kraiker pour embarquer leurs deux fils et leur chiot (qui sera amené à la SPA), ainsi que les deux jeunes témoins de l'agression précédente, pour, leur dit-on, des faits de dégradation en réunion (!) Ceux-ci ont été à nouveau placés en garde à vue au commissariat de Pantin, dont l'accès était interdit et gardé par de nombreux policiers lourdement armés.
Bilal, l'un des deux fils Kraiker, âgé de 18 ans, sera jugé le 19 mai prochain. Le procureur de la République ayant requis sa mise en détention immédiate, il a finalement été libéré et mis sous contrôle judiciaire.
L’histoire complète de cette affaire de violences policières racistes est à lire sur le Paris s'éveille.info.
La page Facebook du Comité de vigilance contre les violences policières à Pantin.