mercredi 9 septembre 2020

Procès de l'aide-soignante Maré Ndiaye. Le procureur requiert 6 mois de prison avec sursis et 1.000 € de dommage-intérêts pour chacun des 3 policiers

Le 4 septembre, Maré Ndiaye, aide-soignante à Reidisheim (Haut-Rhin)comparaissait devant le tribunal de Mulhouse pour outrage et rébellion. Son crime ? Avoir crié sa colère et tenté d’interpeller le président Macron lors de sa visite à l’hôpital militaire de campagne de Mulhouse le 25 mars 2020, au cours de laquelle elle a été interpellée, frappée et mise en garde à vue par trois policiers, comme on peut le voir sur cette vidéo, qui s’arrête au moment où elle va être interpellée (en présence de manifestants étrangement passifs et pour le moins totalement dénués d’empathie avec leur collègue). Les trois policiers cogneurs (deux femmes et un homme) l’accusent de leur avoir dit : « Vous êtes des chiens ! » Voilà pour l’outrage. Et d’avoir, « seule et sans arme, opposé une résistance violente lors de son arrestation ». Ce que contredit totalement la vidéo. Voilà pour la rébellion. 


Le manège, on le sait, est bien rôdé : les policiers ou des gendarmes coupables de violence portent systématiquement plainte pour outrage contre leurs victimes. Ce motif constituant l’une des 13 raisons pour lesquelles nous lançons une pétition pour en finir avec le délit d’outrage.


Sur cette vidéo (19’), Maré raconte sa souffrance

 « Les policiers m’ont plaquée par terre, ils m’ont mis des coups de pied dans le dos, m’ont frappée dans la voiture. »

Comme  toujours dans ce cas de figure, les policiers ont effrontément menti. Si Jessica Boulanger et Stéphanie Bauer n’ont pas cru bon de se déplacer pour témoigner au tribunal, le troisième, Jean-François Legrand-Desmery était présent, et il n’a cessé de se dépêtrer dans ses mensonges, prétendant que Maré leur aurait craché dessus. Ce que l’intéressée nie farouchement. 
« Les policiers m’ont plaquée par terre, ils m’ont mis des coups de pied dans le dos, m’ont frappée dans la voiture qui m’emmenait au commissariat. Ils m’ont tasée. J’avais tellement mal que j’ai dit que j’étais enceinte pour qu’ils lèvent la pression. C’est honteux de faire ça.»

« Elle n’a agressé personne. C’est une pure construction. Nous sommes face à un abus de pouvoir. »

L’avocat de Maré Ndiaye, Me André Chamy, est revenu sur le contexte tragique de ce procès ignoble – la pandémie du Covid-19, des soignants applaudis par la population mais méprisés par les dirigeants, à commencer [c’est nous qui soulignons]par le président Macron, tellement sensible à leurs problèmes qu’il se protège d’eux par des grilles anti-émeutes –, rappelant que sa cliente, aide-soignante, n’était qu’une représentante parmi d’autres d’un personnel soignant souffrant.
Me Chamy : « On oublie un point fondamental dans ce dossier : le droit de manifester. La prévenue a ce droit d'alerter et d'expression, même face au président de la République. À aucun moment il n'y a eu trouble à l'ordre public. Nous sommes face à un abus de pouvoir. Elle n’a agressé personne. Il n’y a pas le moindre soupçon de trouble à l’ordre public. C’est une pure construction. Nous n’avons aucun élément dans ce dossier pour la poursuivre pour des outrages et une rébellion. Vous devez la relaxer. »
  Arguments auquel n’a pas été sensible le procureur Florie Winckenmuller, qui a requis contre l’aide-soignante 6 mois de prison avec sursis et 1.000  € de dommages-intérêt pour chacun des trois policiers. Ce qui constitue précisément un autre des 13 arguments que nous avançons dans notre pétition : cogner et porter plainte contre ses victimes peut rapporter gros pour les policiers.
   Verdict le 8 septembre.


13 RAISONS POUR EN FINIR AVEC LE DÉLIT D’OUTRAGE
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Cette pétition sera remise en mars 2021 à la Chancellerie, à l’Élysée et au ministère de l’Intérieur, le but final étant de porter l’abrogation du délit d’outrage à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale avant la fin du quinquennat Macron

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