dimanche 27 septembre 2020

Disparition médiatique de Farida Chikh, infirmière poursuivie pour outrage, rébellion, violences sur CRS

 Souvenez-vous, c’était il y a quelques mois… Le Covid-19 faisait des ravages jusque dans les rangs du personnel soignant, qui payait de sa vie l’incurie criminelle de nos dirigeants. Les médias relayaient la généreuse, symbolique et peu coûteuse incantation à applaudir les infirmières à la fenêtre, à l’heure où le sinistre Jérôme Salomon égrenait les statistiques des morts à la télévision.


Peu à peu, au gré des manifestations, le personnel soignant se faisait de plus en plus personnel saignant. Le 16 juin, lors d’une manifestation à Paris, Farida Chikh, infirmière ayant eu le réflexe de renvoyer sur les CRS (sous la forme de cailloux) les gaz lacrymogènes punitifs des agents de l’État, se faisait interpeller, tabasser, mettre en garde à vue, et écopait de poursuites pour outrage, rébellion et violences volontaires sur agent de la force publique.

L’image faisait le tour des médias et des réseaux sociaux, après que d’aucuns eurent tenté de faire croire que l’infirmière Farida, interviewée ci-dessous par Taha Bouhafs pour Là-bas si j’y suis, n’en était pas une.

Avant l’infirmière Farida Chikh, l’aide-soignante Maré Ndiaye…

Le 25 septembre, dans un silence médiatique assourdissant [exception faite du présent site], Farida, qui a déposé une plainte auprès de l’IGPN contre trois policiers, était jugée au tribunal de Paris. Sur la lancée de l’aide-soignante Maré Ndiaye, jugée le 4 septembre à Mulhouse pour avoir manifesté sa réprobation lors de la venue en mars du président Macron à l’hôpital militaire de campagne (et de communication) de Mulhouse. Pour être tout à fait honnête, le journal L’Alsace rendit compte de ce procès, mais ce fut tout. (Libération, qui annonça le procès dans le “chapeau” de notre tribune, gardera le silence.)

Tout comme Farida, Maré Ndiaye avait été victime de brutalités policières de la part de trois policiers, que le procureur tint à récompenser en requérant pour chacun d’eux 1.000 euros de dommages-intérêts. Réquisitoire qui ne sera pas suivi, Maré écopant d’une amende de 1.000 euros avec sursis. Ci-dessous, le témoignage de Maré Ndiaye, dont nous reparlerons lors de son second procès, puisqu’elle a fait appel du jugement.

L’auteur de ces lignes, n’ayant pu contacter Farida (les rares “contacts”, par un mystère étrange, ne donnant pas suite à nos messages), ne connaissant ni le nom de son avocat, ni l’heure du procès, ni la chambre d’audience, ni le 06 de l’accusée (et encore moins celui des juges), ne put assister au procès. (La même chose nous était arrivée le 4 septembre pour le procès du Gilet jaune Stéphane Espic, pour d’autres raisons ; en raison de l’exiguïté (manifestement délibérée) des salles d’audience du nouveau (et très anxiogène) du nouveau tribunal de Paris.)

Conclusion (fâcheuse) : deux jours après le procès, il est impossible de dire comment se passa le procès d’une infirmière brutalisée par les policiers, et s’il y eut un éventuel report. Ce consternant silence journalistique intervient alors que les journalistes pleurent (à juste titre) après les dispositions liberticides du Nouveau schéma du maintien de l’ordre (NSMO) du ministre Darmanin et ont signé un appel à la liberté d’expression qui semble se limite à la liberté d’expression… des journalistes. Cette révolte à géométrie variable est d’autant plus choquante que, rappelons-le, même les médias qui avaient répercuté la parole de Farida ont passé sous silence son procès…

La souffrance des personnels soignants serait-elle passée de mode ?

Pour finir (ou pour commencer), rappelons que le CODEDO vient de lancer une pétition énumérant les 13 raisons pour en finir avec le délit d’outrage, arme – juridique – de répression, redoutable et profondément inique.

À SUIVRE…

Ne partez pas avant d’avoir signé (et diffusé) notre pétition !

13 RAISONS POUR EN FINIR AVEC LE DÉLIT D’OUTRAGE

Cette pétition sera remise au printemps 2021 au Garde des Sceaux, au président de la République et au ministère de l’Intérieur, et présentée lors une conférence devant la Chancellerie. Notre but est de porter l’abrogation du délit d’outrage à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, autour d’une proposition de loi, avant la fin du quinquennat Macron.

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