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Hervé Eon, un insoumis, un vrai |
L'histoire retiendra que l'abrogation du délit d'offense au chef de l'État fut entamée en août 2008 à Laval, lorsqu'un procureur de la République zélé, le très vétilleux Alex Perrin, poursuivit Hervé Eon pour avoir brandi une pancarte reprenant le "Casse-toi pov'con!" de Sarkozy lors du voyage de ce dernier à Laval.
Condamné à 30 € d'amende avec sursis en première instance puis en appel, Hervé Eon, refusa la sentence ridicule infligée par des magistrats morts de trouille à l'idée de déplaire au pouvoir. On connaît la suite…
La Cour européenne des droits de l'Homme, saisie par son avocate Dominique Noguères, lui donnera raison. Et tort à la France. Et voilà comment le 23 juillet 2013, les députés français furent contraints d'abroger le délit d'offense au chef de l'État.
Huit ans plus tard, le 25 juillet 2016, un autre procureur en poste à Laval poursuivit pour outrage un autre Lavallois, Clément B., pour avoir crié "Casse-toi pov'con!" à Emmanuel Macron lors de la visite du ministre de l'Économie à Laval, alors que ce dernier (tout comme Sarkozy en 2008) n'avait rien demandé.
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Le toujours riant ministre Macron à Laval en juillet 2016 |
Postulant que les mêmes causes sont susceptibles d'entraîner les mêmes effets, nous nous étions pris à espérer que ce procès pourrait relancer le débat autour du délit d'outrage, qui explosa en 2016 avec la violente répression policière des manifestations contre la loi El Khomri. D'autant qu'entretemps le ministre Macron avait déclaré, et avec grand fracas, son intention de briguer la présidence de la République. Il était donc raisonnablement permis d'espérer que, grâce à ce procès, le délit d'outrage se trouvât placé au cœur de la campagne présidentielle. Nous attendîmes donc le 6 décembre 2016, date du procès de Clément B.
Làs ! Tout le monde n'a pas le panache d'un chevalier Eon ! Au lieu d'assumer son geste (en l'occurrence sa parole) comme l'avait fait en son temps Hervé Eon, le jeune homme de 21 ans préféra céder au chantage de la justice en acceptant de plaider coupable dans le cadre d'une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), à savoir une amende de 250 € avec sursis. Ce qui est bien entendu son droit le plus strict, même si ce n'est guère glorieux…
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L'ex-ministre Macron candidat à la présidence |
Ce qui est encore moins glorieux, et ne fut pas révélé dans les médias (qui ne s'intéressèrent guère, il est vrai, à cette affaire finissant en eau de boudin), c'est que le jeune homme (dont la page Facebook arbore l'étendard de la "France insoumise"), contacté par le CODEDO, fit cet aveu étonnant :"J'ai accepté de plaider coupable car une médiatisation aurait pu me porter préjudice dans ma recherche de travail."
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(mais pas trop…) |
Avec des militants aussi courageux et déterminés, gageons que le délit d'outrage, dont on rappellera ici les 10 raisons pour lesquelles il serait impératif de le chasser du Code pénal, a encore de beaux jours devant lui !
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