Guillaum Vadot, l’enseignant de 28 ans agressé le 23 septembre par des policiers à la gare RER de Saint-Denis
[lire ci-dessous] pour avoir voulu filmer l'interpellation brutale d’une femme noire, déclare à
Révolution permanente :
"Ce qui m'est arrivé reste banal. Cela s’inscrit dans un contexte national. Ce qui ne l’est pas, c’est que ce soit arrivé à moi."
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Me Slim Ben Achour, Guillaume Vadot |
Le site
Têtu rappelle l’homophobie des flics.
"Ils m’ont accusé d’être allié de Daech. Les menaces de viol étaient accompagnées d’attouchement. Les insultes homophobes étaient une volonté de domination de la part des policiers." Son avocat, Slim Ben Achour, ajoute :
"Il ne s’agit pas d’un fait divers, mais d’un système." et souligne
"la volonté des policiers de détruire les preuves" (le film de l’arrestation violente de la voyageuse, dont une partie a pu être récupérée sur le disque dur de son téléphone.)
Guillaume Vadot a déposé deux plaintes (devant le Défenseur des droits et le procureur de la République) pour "abus d’autorité, violences volontaires, agression sexuelle, menaces de mort et de viol" contre X.
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Amine Bentounsi |
Un procès devrait donc avoir lieu en 2017, devant le tribunal de Bobigny. Le parquet de Bobigny étant le plus récalcitrant de France (le seul ?) à la doctrine ultrasécuritaire qui sévit dans la France de l’état d’urgence, où les policiers font subir – en toute impunité – toutes sortes de violences aux citoyens, notamment dans le cadre des manifestations contre la loi El Khomery, on peut espérer que l’affaire ne sera pas classée sans suite, comme c’est presque toujours le cas lorsque des policiers sont mis en cause, et donnera lieu au grand débat national sur ce sujet tabou que sont les violences policières en France. À noter qu’aura lieu en 2017, devant la même juridiction, le procès en appel de
Damien Saboudjian, le policier qui a tué d'une balle dans le dos
Amine Bentounsi en 2012,
acquitté en première instance.
L'intégralité de la conférence de presse de Guillaume Vadot est visible ICI.
"Le pire en réalité n’était pas la douleur. Les deux flics qui sont sur moi sont surexcités. Et ils se lâchent. Crânes rasés, les yeux brillants, j’ai du mal à croire que la scène qui suit est réelle. "On va te tuer, tu es mort, on va te défoncer, je te crève là sur place dans dix minutes." Et au fur et à mesure que les cartilages s’étirent sous la torsion, ils remontent mes poignets dans mon dos, et augmentent la torsion. Celui de gauche me met la main sur les fesses. "T’as cru que t’allais jouer avec la police? Regarde comme on va jouer avec toi." Et il me met une première béquille. Puis il remet sa main sur mes fesses. Avec les clés de bras, je ne peux plus respirer normalement. Nouvelle béquille. "On va te violer, ça te plaît ça? Je vais te violer et on va voir si après tu filmeras la police." Ça continue. "Tu soutiens Daech c’est ça? Quand ils vont venir tu feras quoi? Tu vas les sucer? Faudra pas pleurer et demander qu’on te protège." Je n’ai réalisé que plus tard qu’ils étaient en train de parler de Daech... pour justifier leur attitude face à une femme racisée qui avait oublié son pass Navigo. Ils ouvrent mon sac et prennent mon portefeuille, le vident dans mon dos. Ils me prennent mes clopes en me disant de m’asseoir dessus. Ils trouvent ma carte de prof précaire à la fac. "T’es prof ? Quand l’Etat islamique viendra à la Sorbonne tu vas les regarder en te branlant?" Celui de gauche: "Regarde-moi sale pédé. Sale pute. Tu habites là-bas hein? (Il montre mon immeuble). "Je vais venir chez toi, je vais mettre une cagoule et je vais te violer."