mardi 27 septembre 2016

Des inculpés de l’affaire dite "de Tarnac" écrivent à Bernard Squarcini


Lundi 26 septembre, Bernard Squarcini, ancien directeur de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, aujourd’hui DGSI), a été placé en garde à vue dans les locaux de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre d’une information judiciaire ouverte notamment pour « violation du secret de l’instruction », « entrave aux investigations », « compromission », « violation du secret professionnel » et « trafic d’influence ». La suite dans Le Monde.
À cette occasion, des inculpés de l’affaire dite "de Tarnac" écrivent une lettre fort gouleyante à Bernard Squarcini. C'est à lire sur le site lundimatin.

Guillaume Vadot, agressé par des policiers à la gare de Saint-Denis : la banalité du fascisme policier dans la France de l’état d’urgence

Guillaum Vadot, l’enseignant de 28 ans agressé le 23 septembre par des policiers à la gare RER de Saint-Denis [lire ci-dessous] pour avoir voulu filmer l'interpellation brutale d’une femme noire, déclare à Révolution permanente : "Ce qui m'est arrivé reste banal. Cela s’inscrit dans un contexte national. Ce qui ne l’est pas, c’est que ce soit arrivé à moi."
Me Slim Ben Achour, Guillaume Vadot
Le site Têtu rappelle l’homophobie des flics. "Ils m’ont accusé d’être allié de Daech. Les menaces de viol étaient accompagnées d’attouchement. Les insultes homophobes étaient une volonté de domination de la part des policiers." Son avocat, Slim Ben Achour, ajoute : "Il ne s’agit pas d’un fait divers, mais d’un système." et souligne "la volonté des policiers de détruire les preuves" (le film de l’arrestation violente de la voyageuse, dont une partie a pu être récupérée sur le disque dur de son téléphone.)
Guillaume Vadot a déposé deux plaintes (devant  le Défenseur des droits et le procureur de la République) pour "abus d’autorité, violences volontaires, agression sexuelle, menaces de mort et de viol" contre X.
Amine Bentounsi
Un procès devrait donc avoir lieu en 2017, devant le tribunal de Bobigny. Le parquet de Bobigny étant le plus récalcitrant de France (le seul ?) à la doctrine ultrasécuritaire qui sévit dans la France de l’état d’urgence, où les policiers font subir – en toute impunité – toutes sortes de violences aux citoyens, notamment dans le cadre des manifestations contre la loi El Khomery, on peut espérer que l’affaire ne sera pas classée sans suite, comme c’est presque toujours le cas lorsque des policiers sont mis en cause, et donnera lieu au grand débat national sur ce sujet tabou que sont les violences policières en France. À noter qu’aura lieu en 2017, devant la même juridiction, le procès en appel de Damien Saboudjian, le policier qui a tué d'une balle dans le dos Amine Bentounsi en 2012, acquitté en première instance.

L'intégralité de la conférence de presse de Guillaume Vadot est visible ICI.

EXTRAITS
"Le pire en réalité n’était pas la douleur. Les deux flics qui sont sur moi sont surexcités. Et ils se lâchent. Crânes rasés, les yeux brillants, j’ai du mal à croire que la scène qui suit est réelle. "On va te tuer, tu es mort, on va te défoncer, je te crève là sur place dans dix minutes." Et au fur et à mesure que les cartilages s’étirent sous la torsion, ils remontent mes poignets dans mon dos, et augmentent la torsion. Celui de gauche me met la main sur les fesses. "T’as cru que t’allais jouer avec la police? Regarde comme on va jouer avec toi." Et il me met une première béquille. Puis il remet sa main sur mes fesses. Avec les clés de bras, je ne peux plus respirer normalement. Nouvelle béquille. "On va te violer, ça te plaît ça? Je vais te violer et on va voir si après tu filmeras la police."  Ça continue. "Tu soutiens Daech c’est ça? Quand ils vont venir tu feras quoi? Tu vas les sucer?  Faudra pas pleurer et demander qu’on te protège." Je n’ai réalisé que plus tard qu’ils étaient en train de parler de Daech... pour justifier leur attitude face à une femme racisée qui avait oublié son pass Navigo. Ils ouvrent mon sac et prennent mon portefeuille, le vident dans mon dos. Ils me prennent mes clopes en me disant de m’asseoir dessus. Ils trouvent ma carte de prof précaire à la fac. "T’es prof ? Quand l’Etat islamique viendra à la Sorbonne tu vas les regarder en te branlant?" Celui de gauche: "Regarde-moi sale pédé. Sale pute. Tu habites là-bas hein? (Il montre mon immeuble). "Je vais venir chez toi, je vais mettre une cagoule et je vais te violer."

lundi 26 septembre 2016

Violences policières à la gare RER de Saint-Denis : « On va te violer, on va venir chez toi, on va venir à la Sorbonne vous exterminer toi et tes collègues »

Guillaume Vadot, professeur à la Sorbonne et militant NPA, a été violenté par la police pour avoir filmé l'interpellation brutale d'une femme noire à la gare RER de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Cette histoire terrifiante, racontée dans un premier temps sur la page Facebook d'un universitaire collègue de la victime (post censuré par Facebook), a été dévoilée sur le site du NPA, Révolution Permanente.
L’information a été reprise par Libération et commentée par Christian Salmon sur son blog Médiapart.
Lors d’une conférence de presse, la victime a déclaré que les policiers avaient supprimé la vidéo de son portable, qui a néanmoins été retrouvée sur le disque dur de son appareil. Deux plaintes vont être déposées, l’une devant le procureur de la République, l’autre devant le Défenseur des droits. Cette affaire en dit long sur le racisme viscéral de certains policiers, dont il est permis de penser qu’ils ne constituent pas des exceptions, comme le fait remarquer l'avocat de Guillaume Vadot, Me Ben Achour Slim : "Il ne s'agit pas d’un fait divers, mais d’un système."
Compte-rendu de la conférence de presse sur Révolution permanente.

mercredi 21 septembre 2016

Place de la République, 15 septembre. Laurent Théron, un œil crevé par un projectile tiré par un CRS

Place de la République, 15 septembre. Photo Samuel Boivin
Tandis qu’aux États-Unis les policiers racistes assassinent à une cadence échevelée des Noirs dont le seul tort est d’avoir la peau noire, en France, la cadence des violences policières ne faiblit pas. Dernière victime en date, Laurent Théron, secrétaire médical de l’AP-HP, militant SUD, qui a eu la très mauvaise idée de se trouver dans la trajectoire d’une grenade de désencerclement tirée par un CRS, alors qu’il se trouvait dans un endroit "calme" de la manifestation parisienne du 15 septembre contre la loi Travail.
Ces nouvelles violences policières s’inscrivent dans le droit fil de la répression d’État démarrée à Sivens, où Rémi Fraisse fut assassiné, poursuivie dans le cadre de la répression contre les manifestants anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes, où plusieurs personnes avaient perdu un œil, et qui a trouvé son point d’orgue depuis le mois de mars avec la répression policière contre les opposants à la loi Travail. Elle pose la question de l’interdiction des flash-ball et autres LBD (lanceurs de balles de défense) et du droit de manifester, remis en cause par Manuel Valls, le ministre Cazeneuve et le préfet de police Michel Cadot depuis mars 2016. Elle pose aussi la question d’une police qui n’est plus au service de la République et des citoyens, mais au service de l’État, lui-même commis d’instances patronales et européennes défendant des intérêts industriels privés, et pour qui le Bien public et le droit des citoyens est le cadet des soucis.
On lira à ce sujet L’arme à l’œil (Le Bord de l’eau), le très instructif livre de Pierre-Douillard Lefèvre, qui fut mutilé lors d'une manifestation à Nantes en 2007.
Laurent Théron, interviewé par Libération, explique que son œil a pu être sauvé mais que sa vision est perdue. Son témoignage sur FranceInfoTV. Il a porté plainte et a été entendu par l’IGS.