lundi 22 août 2016

Le procureur de la République de Laval poursuit un militant ayant crié "Casse-toi pov’con!" à Emmanuel Macron pour outrage

Hervé Eon lors de son procès
Le 23 juillet 2013, après avoir été condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme, la France abrogeait le délit d’offense au président de la République. À l’origine de ce vote historique, trois personnes : un président de la République mal élevé (Nicolas Sarkozy-"Casse-toi-pov’con!"), un militant facétieux (Hervé Eon, co-fondateur du CODEDO) et un procureur à l’intransigeance variable, un certain Alex Perrin, muté depuis sous d’autres cieux, qui prit la liberté de poursuivre l’ami Eon et le risque de se couvrir de ridicule. Condamné à 30€ d'amende avec sursis pour avoir brandi une pancarte Casse-toi pov'con au passage du cortège présidentiel, recondamné en appel, Eon se battit jusqu’à la CEDH. On connaît la suite…
Alex Perrin, procureur de Laval en 2008
On aurait pu penser que les avatars du "casse-toi pov'con" sarkozien (résumés ICI) en resteraient là. C’était sans compter sur un autre procureur de la République, de Laval lui aussi, un certain Guirec Le Bras, qui vient de poursuivre en justice un manifestant ayant crié l’insulte sarkozienne au ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, lors de sa visite à Laval le 25 juillet (sans que ce dernier ait porté plainte).
Guirec Le Bras, procureur de Laval en 2016
Ce manifestant d’une vingtaine d’années, dont on ne connaît pas pour l’instant l’identité, sera jugé pour outrage le 6 décembre à Laval.
Il serait piquant que ce procès soit le prélude à la disparition du délit d’outrage, qui n’a rien perdu de sa vigueur sous le quin-quennat de François Hollande, bien au contraire – de nombreux manifestants contre la loi-travail victimes de violences policières ont été condamnés, notamment –, et dont le "sort" est actuellement entre les mains de la Cour de cassation de Paris, qui devra rendre un arrêt à propos d’un autre procès pour outrage concernant un justiciable célèbre, un certain Henri Guaino.
[L’arrêt de la cour de Cassation ayant cassé celui de la cour d’Appel, ce vœu pieu devient donc caduc.]